mardi 17 mars 2009

Stéphane Courbit

Stéphane Courbit

Géraldine Meignan -  01/04/2008  - L'Expansion  

Le producteur saltimbanque a tourné la page Endemol pour investir tous azimuts, épaulé par des patrons de sa génération.

Un jeune entrepreneur riche, talentueux et modeste avec ça. Voilà l'image que donne à voir Stéphane Courbit, bientôt 43 ans, ancien patron d'Endemol-France et nouvelle coqueluche du capitalisme français. Pas directement. Plutôt par l'intermédiaire de son entourage qui parle pour lui puisque, à l'opposé de ces animateurs producteurs qui s'affichent à la une de la presse people, Stéphane Courbit se terre. Peu de photos, pas d'interviews, à l'exception d'un entrefilet paru en 2006 dans Paris Match pour démentir son exil fiscal en Belgique. Un affront pour ce pur produit de la promotion sociale, fils d'un employé de banque et d'une postière de la Drôme.

Stéphane Courbit en cinq dates

1965 : naissance dans la Drôme.

1994 : création aux côtés d'Arthur d'ASP (« Les Enfants de la télé »).

2001 : président d'Endemol-France.

2006 : il vend ses parts dans Endemol-France à Telefonica.

2007 : il fonde Mangas Capital.

Ils sont nombreux à s'être penchés sur le berceau de Stéphane Courbit. Anne Méaux, patronne de l'agence de communication Image 7, l'a introduit dans les milieux d'affaires. Alain Minc lui a ouvert les sphères de la finance. Pierre Lescure l'a guidé dans l'univers des médias. Tous ont détecté chez cet autodidacte la graine de l'entrepreneur. De ceux qui, à peine un deal conclu, pensent déjà au suivant. Depuis, Stéphane Courbit s'est forgé son propre réseau, des patrons de sa génération, de Jacques Veyrat, PDG de Neuf Cegetel, à Jean-Charles Decaux, de John Elkann, le petit-fils de Giovanni Agnelli, à Nicolas Bazire, le bras droit de Bernard Arnault. Sans oublier Alexandre Bompard, le patron des sports de Canal +. Des atouts précieux au moment où le producteur saltimbanque de la « Star Academy » et de « Loft Story » a tourné la page Endemol : il a cédé la filiale française à l'espagnol Telefonica en empochant au passage, dit-on, 250 millions d'euros, pour investir dans la production télé, les jeux et l'énergie.

Les bureaux parisiens de sa nouvelle société, Mangas Capital, et de la Financière Lov, son instrument d'investissement, sont à son image. Un mélange de luxe - siège rue François-Ier - et de simplicité - rien d'ostentatoire, des bureaux en enfilade dans un décor blanc épuré. Les premiers trophées s'étalent au mur : la société Internet Rentabiliweb, l'opérateur alternatif Direct Energie, Euro Media (actionnaire de la SFP), la revue Médias, les hôtels quatre étoiles Les Airelles, à Courchevel, et le palais Pan Deï, à Saint-Tropez, et BetClic, le site de paris sportifs.

« Il est audacieux et prêt à jouer gros »

Des investissements bouclés pour l'essentiel en quelques mois à peine. « Je n'ai jamais vu quelqu'un engager son propre argent avec autant d'appétit. Stéphane ne se laisse pas distraire par les détails, ce qui lui permet d'aller vite », explique Jacques Veyrat, qui l'a invité au conseil d'administration de Neuf Cegetel aux côtés de Jean-François Cirelli, le patron de GDF. « Peut-être un peu trop vite. Pour gagner le dernier centime, il faut savoir parfois perdre du temps », lâche un proche. « C'est ce qui pourrait le faire trébucher », dit un autre. Il y a un côté joueur chez Stéphane Courbit. Un jour qu'une collaboratrice l'interrompait en pleine réunion pour l'informer de la vente d'un hôtel à Saint-Tropez, il lui aurait lancé : « Appelle-les pour leur dire que j'achète ! » « Il est très audacieux et prêt à jouer gros dès lors qu'il comprend le business, confirme Alain Minc. Il n'a pas investi dans l'énergie aux côtés de Robert Louis-Dreyfus les yeux fermés. Il est devenu un spécialiste de la question en six mois. » On trouve Bernard Arnault (LVMH), John Elkann et Lorenzo Pellicioli, le PDG de D'Agostini, dans le capital de sa nouvelle société. Jean-Charles Decaux n'est pas de la partie, mais il était présent, comme Arnault, au tour de table monté par Courbit pour tenter de racheter le Groupe Endemol, finalement revendu par Telefonica à Berlusconi.

Tout le monde l'assure, l'homme est généreux, toujours prompt à aider un ami. « A Endemol, il a accueilli ceux qui traversaient une mauvaise passe, de Pierre Lescure à Xavier Couture en passant par Dominique Farrugia », rappelle Isabelle Parize, une ancienne de Canal +, recrutée pour s'occuper des jeux. Aujourd'hui, il s'apprête à accompagner financièrement les projets des ex-producteurs d'Endemol, Jacques Mazur, Thierry Métral et Alexia Laroche-Joubert.

Proche de Sarkozy, mais sans le côté bling-bling

« On le prend pour un jeune requin. Il l'est forcément un peu. Mais il n'est pas arrogant et il a su garder les pieds sur terre », dit Dominique Farrugia, qui a coproduit pour Endemol deux cent cinquante heures de programmes. Proche de Nicolas Sarkozy, Stéphane Courbit n'en a pas le côté bling-bling malgré sa maison cossue de Neuilly-sur-Seine, ses vacances à Courchevel, son mariage à Saint-Tropez. Il ne s'est jamais vanté de figurer dans le premier cercle d'invités le soir de l'élection présidentielle, au Fouquet's. Mais il est soucieux de son image. A Robert Ménard, le président de Reporters sans frontières, qui s'interrogeait il y a deux ans sur son intérêt d'investir dans la revue Médias, Stéphane Courbit a répondu : « J'ai envie que les gens m'associent à autre chose que la télé-réalité. » A la vitesse où il avance, ce devrait bientôt être chose faite.

Ses mentors de la première heure

Alain Minc
Anne Méaux
Pierre Lescure
L'homme d'influence a détecté très tôt chez Stéphane Courbit le « chromosome » de l'entrepreneur. La patronne d'Image Sept l'a introduit dans les milieux d'affaires, l'ancien PDG de Canal + dans l'univers des médias.

Ses copains patrons

Jacques Veyrat
Jean-Charles Decaux
Nicolas Bazire
Le producteur saltimbanque s'est mué en investisseur entrepreneur avec le soutien de patrons de sa génération, du patron de Neuf Cegetel au codirecteur général de JCDecaux en passant par le bras droit de Bernard Arnault.

Les enfants de la télé

Dominique Farrugia
Alexia Laroche-Joubert
Alexandre Bompard

Il est resté proche du producteur et de l'ex-directrice des programmes d'Endemol. Son amitié avec le patron des sports de Canal + est plus récente.

Son réseau étranger

John Elkann
Lorenzo Pellicioli
Juan Luis Cebrian

Le petit-fils d'Agnelli et le patron de l'éditeur italien D'Agostini ont investi dans sa société. C'est Pierre Lescure qui lui a présenté le créateur d'El Pais.

Ses relais business

Bernard Arnault
Robert Louis-Dreyfus
Jean-François Cirelli

Le PDG de LVMH le soutient, le patron de l'OM a fait affaire avec lui dans Direct Energie, et le président de GDF le côtoie au conseil de Neuf Cegetel.

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